Quand la chirurgie est au service de la beauté

Nermine Khatab Mercredi 20 Janvier 2021-11:58:25 Chronique et Analyse

Etre en beauté, magnifique, coquette, séduisante, est ce à quoi aspirent les femmes. « Eve et la cosmétique », c'est l'histoire de deux amies que rien ni personne n’arrive à séparer. Pour elle, coûte que coûte, l'essentiel est d'avoir une teinte claire comme celle des bébés, des joues rouges comme les roses, une peau blanche comme la fleur de lys, des cheveux flottants et brillants…

 

 

Face à ce sujet qui occupe largement le grand public, le Progrès Egyptien a eu l'occasion de faire cette interview aussi bien intéressante qu'importante avec la dermatologue et consultante en cosmétique de laser, titulaire de Master en dermatologie, et de Diplôme américain en médecine esthétique, bord américain en médecine esthétique également membre de l'American Beauty Association, Dr Rasha Hamed

Bien qu'ils soient une vérité inéluctable, les rides et les cheveux blancs restent toujours le seul rendez-vous qu'Eve tente de remettre à jamais. Redoutant de voir sa chère beauté s'évanouir comme un soleil déclinant derrière les collines, se rebellant contre le temps, la femme refuse de s'incliner devant ses outrages. Et voilà que la science et la grande évolution marquant l'univers esthétique parviennent à traduire le rêve de la « Beauté » en un concret satisfaisant la femme. Toutefois, le rêve parfois se transforme en inquiétant cauchemar dès que le retour au « point de départ » s'avère de l'impossibilité. Parce que tout jeu a ses propres codes, qui accepte le pari, à lui d'accepter la perte!

Une demande parfois abusive

En Egypte, les chirurgiens tentent de poser un cadre pour lutter contre les dérives et les excès. Il y a une déontologie et des règles de bonnes pratiques dans la profession. Un chirurgien doit toujours analyser la demande du patient et se poser la question : est-ce que sa demande est fondée ou abusive ? Au nom de cette éthique, le chirurgien refuse d'opérer les patients qu'il juge « obsessionnels ». Mais souvent très déterminés, ces derniers refusent de prendre en considération l'avis du médecin et cherchent à prendre rendez-vous chez un « concurrent ». Pour le chirurgien, la seule façon d'être totalement honnête et vigilant est de faire circuler l'information au patient et sa famille. Face à la débrouillardise des obsessionnels qui arrivent à contourner ce système informel, le chirurgien l'avoue : faire preuve de bienveillance est parfois insuffisant. Ils n'ont pas de limites. Quand ils sont grillés dans une ville, ils vont se faire opérer dans une autre ville. La Dermatologiste Dr Rasha Hamed nous explique comment la science dermatologique vient au service de la beauté.

 

Progrès Egyptien : Les chirurgies esthétiques sont-elles devenues une obsession ou une nécessité ?

Dr Rasha a confirmé que de nos jours l'univers de l'esthétique est devenu une nécessité. Les chirurgiens rencontrent des personnes atteintes d'un véritable trouble de l'image de soi. Elles sont convaincues d'être difformes, et sont persuadées qu'un défaut, pourtant minime, est énorme et focalise l'attention des autres. Dans ces cas précis, Dr Rasha évoque non seulement les artistes ou celles qui ont les moyens, mais que les femmes ordinaires également cherchent à être toujours belles, surtout que le domaine esthétique est devenu accessible à tout le monde et que la technologie moderne a rendu facile et simple le rêve d'avoir par exemple une belle silhouette agréable ou un visage éclatant, etc.

Elle a également fait référence au rôle majeur que jouent les réseaux sociaux dans la propagation des chirurgies esthétiques. Elle a en ce sens fait la lumière sur la différence entre l'obsession ou la folie de changer les détails de notre visage et la nécessité de se maintenir belle ou d'ajouter quelques simples retouches afin de garder notre beauté, appelant ainsi les femmes à ne pas tomber en proie à cette folie.

PE : Avec la propagation du Covid-19, l'affluence sur les opérations esthétiques s'est-elle influencée ?

Dr Rasha : Au début, comme tout domaine, l'affluence sur les cliniques esthétiques s'est en quelque sorte affaiblie. Mais quelques mois après, elle est revenue à la normale surtout à la lumière de notre plein respect des mesures préventives. Distanciation entre clients, les lieux sont très bien désinfectés afin de s'assurer de la sûreté. Personne ne peut passer sans avoir porté le masque et le « faceshield ».

PE : Y-a-t-il de différence entre un patient ou une patiente ?

Dr Rasha : Bien sûr il y a une grande différence surtout au niveau de la personnalité. L'homme est plus simple que la femme. Les hommes ne sont pas trop obsédés par l'idée de l'esthétique, près de 10%. La majorité de la clientèle sont des femmes. Je crois que les hommes sentent la honte de se rendre à une clinique esthétique.

Pour ce, l'homme ne doit pas subir les mêmes opérations dont fillers et botox que les femmes. Je dois garder quelques « expressions » ou « falses » pour paraître plus naturels. Pour les deux sexes, on utilise les mêmes procédures puisque souffrant des mêmes outrages du temps mais pour les hommes, les procédures sont beaucoup plus simples.

PE : Parfois le patient demande-t-il quelques modifications dont les résultats peuvent être négatifs ?

Dr Rasha : Oui, ça arrive parfois soit par ignorance soit par exigence. Si c'est par ignorance, c'est le cas le plus simple, car on lui explique que les effets ne seront pas positifs alors qu’en cas d'exigence, on essaie de parvenir à un point de consensus pour ne pas déformer le visage. Mais en cas d'intransigeance de sa part, j'opte donc pour ne pas travailler. Je dois être convaincue. Les commentaires que le patient peut entendre vont le piquer plus que lui plaire. Ce qui m'importe avant tout c'est que le patient ne souffre pas et qu'il soit satisfait.

PE: Y-a-t-il du nouveau dans le domaine esthétique ?

Dr Rasha : Le monde esthétique évolue chaque jour de façon incroyable, ce qui profite certainement au médecin et au patient, puisque rendant les techniques multiples et variées afin de parvenir à un résultat parfait et satisfaisant certainement.

Ainsi, faut-il bien choisir, pour le médecin, les matériels efficaces et utiles pour satisfaire la clientèle.

PE : Comment bien choisir un bon spécialiste ?

Dr Rasha : Soit par expérience ou par les réseaux sociaux. Le patient doit d'abord jeter un coup d'oeil sur la page Facebook du médecin, ses opérations, ses résultats « avant et après » et les « feed back », visiter sa clinique et le consulter avant de décider de lui faire confiance.

PE : Quoi à propos des silhouettes ?

Dr Rasha : De nos jours, les silhouettes de poupée Barbie, avec la taille ultra compressée, parfois en enlevant des côtes et les seins brutalement siliconés, se répandent parmi les patients obsédés par l’idée d’être en ligne. La technologie a rendu aisément ce rêve accessible non pas par les chirurgies mais par de simples machines esthétiques sans avoir besoin de se reposer trois ou quatre jours à la maison. Les machines sont devenues très effectives et le résultat est incroyable. On parle de « Body contouring » ou « Body shaping ». Il s'agit de redessiner le corps et non pas de faire perdre du poids.

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